Les Accidents Toxiques, N2

Les accidents toxiques, N2

Justification : les élèves N2 sont de futurs plongeurs autonomes PA20. Ils doivent avoir une connaissance théorique des troubles spécifiques associés à une pratique en autonomie de la plongée sous-marine afin de renforcer les précautions et la surveillance mutuelle en immersion. D’autre part, le PE40 justifie une approche du phénomène de narcose qui sera rencontré par le plongeur en formation.
Pour qui ? Un niveau 2, PA20 et PE40.
Objectif : le niveau 2, PA20 est un futur plongeur autonome qui se doit de connaître les troubles spécifiques associés à cette pratique. C’est aussi un PE40 aux portes de l’espace 40-60, potentiel N3. Il doit être prévenu de changements de comportements possibles au-delà de 35 mètres.
Prérequis : la noyade, notions de pression (Mariotte), pression absolue, pression dans la bouteilles, l'ADD.
Situer la séance : au début de la formation, cours 3/10.

Introduction

Les phénomènes que nous allons aborder dans ce cours sont causés principalement par un excès en gaz respirables entrainés par la pression de l’eau qui augmente avec la profondeur. En plongée, tout est lié à la pression de l’eau, elle impacte le milieu du plongeur. Ainsi, nous pouvons parler d’accident toxiques car l'augmentation de la pression partielle des gaz entraine des effets psychologies ou physiologiques qui altèrent nos sensations voire nous mettent en danger. A titre de comparaison, une trop grande consommation d’alcool « intoxique » l’organisme alors qu’une consommation modérée n’entraine pas de troubles. Il en est de même pour les gaz ventilés.

I) L’oxygène, un responsable


a. Ventilé pendant une durée trop longue.
Certains plongeurs dans l’armée ventilent de l’oxygène pur dans des profondeurs faibles. Cette exposition soutenue a pour effet d’agresser les alvéoles pulmonaires et entraine des difficultés respiratoires. A titre indicatif, ce phénomène est intitulé l’effet Lorrain Smith. Il ne concerne pas les N2 directement.

b. L’oxygène dans l’air ventilé à trop grande profondeur.
Lorsque l’on évolue en plongée, la quantité d’air respiré augmente proportionnellement avec la profondeur. Ainsi, plus nous descendons, plus la quantité d’azote et d’oxygène consommé est importante.





Le schéma ci-dessus montre bien qu’avec la profondeur, la pression partielle d’azote et d’oxygène respiré augmente, pour le même volume de gaz inspiré… En effet, la loi de Mariotte démontre que le volume des gaz est lié à la pression auxquels ils sont soumis. Donc lorsque nous, plongeurs, effectuons un mouvement inspiratoire à 40 mètres, nous respirons le même volume pulmonaire qu’en surface, mais contenant 5 fois plus d’air (azote et oxygène) que sur le bateau.

La plongée à l’air en loisir a été limitée par la FFESSM à 60 mètres. C’est à partir de la profondeur théorique de 66 mètres que la quantité d’oxygène respirée par le plongeur devient toxique pour son système nerveux. Encore une fois, les limitations et les procédures obligatoires imposées par le code du sport sont justifiées par des risques physiologiques précis, afin de garantir la sécurité des pratiquants. En l'occurence, la limitation de la plongée loisir à 60 mètres précisément est motivée par la raison suivante :


II) Le risque majeur lié à l’azote ? La fameuse Narcose ou ivresse des profondeurs.

a.Le seuil de toxicité de l’azote, dépassé dans la zone des 30 mètres.
Ici, le terme « ivresse » est particulièrement approprié. Aucun risque encouru lors de la consommation d’une bière (une seule) en surface. Par contre, la consommation de tout un pack entraine des troubles psychologiques et moteurs. Il en est de même pour la consommation d’azote. La dissolution de l'azote dans le corps augmente avec la pression et donc la profondeur. En aucun cas l'azote a une utilité dans le fonctionnement du corps humain, tandis que l'oxygène est consommé par nos cellules.
La narcose est encore mal connue, mais l'hypothèse la plus probable est l'altération de la transmission des influx nerveux (sensitifs et moteurs). Cette altération proviendrait de la fixation d'azote sur les cellules nerveuse du cerveau. Les troubles apparaissent dès 30 mètres pour les individus les plus sensibles.



Encore une fois, la loi de Mariotte permet d’expliquer un tel phénomène. La pression subie sous l’eau et le volume du gaz respiré sont liés. Il s’agit donc de découvrir progressivement la zone 30-40 mètres afin de s’habituer à ce trouble spécifique à la plongée : la narcose dépend de l’accoutumance des plongeurs à ses effets dans cette zone. De façon générale, la narcose apparaît à de profondeurs variables suivant l’individu, son accoutumance, sa forme physique et psychique, son moral et le contexte de la plongée.

b.Quels sont les effets ?

Les sentiments, émotions et pensées du plongeurs peuvent être affectés (sentiment d’euphorie, anxiété, accentuation du dialogue intérieur) tout comme le comportement général peut être impacté (lenteur de réaction, agressivité, difficulté à lire les instruments, comportement irraisonné, perte de mémoire). La narcose touche les individus de façon tout à fait personnelle. Il est difficile de donner un profil type du narcosé car les réactions peuvent varier d’un individu à l’autre.

Néanmoins, elle n’est pas dénuée de risques imprévisibles par nature (perte du masque, mauvaise lecture des instruments, éloignement de la palanquée, etc…). Il convient donc d’encourager la surveillance mutuelle au-delà de 30 mètres (il faut observer les autres membres de la palanquée) et si les symptômes mettent en danger la palanquée, il convient de diminuer la quantité d’azote respiré en diminuant la profondeur. Il faut donc que la palanquée remonte si un membre est trop narcosé.

III) Un autre gaz toxique : le gaz carbonique !

Le gaz carbonique est un gaz produit par l’organisme, c’est donc le plus toxique car il constitue un déchet qu’il faut éliminer sous peine d’augmenter sa quantité présente dans l’organisme ou dans les espaces morts, dans les tuyaux (tubas, détendeur). Ce gaz carbonique peut être à l’origine d’un essoufflement, qui n’est autre que la manifestation ventilatoire d’une intoxication par le dioxyde de carbone
        a. Causes et facteurs favorisants.
Tout effort nécessite un apport accru d’oxygène aux cellules (muscles) qui, en contrepartie rejettent une plus grande quantité de CO2. Généralement l’adaptation naturelle de la ventilation, plus ample et plus rapide qu’au repos, assure le maintien de l’effort. L’essoufflement apparaît lorsque la régulation de la ventilation atteint ses limites, lorsque le CO2 est mal évacué par la ventilation. Les causes d’une mauvaise évacuation de ce gaz déchet peuvent être extérieures à l’organisme : une mauvaise qualité d’air dans les blocs à cause d’une prise d’air mal placée ; du matériel défectueux comme un détendeur mal compensé, mal réglé, exigeant un effort inspiratoire important, un bloc mal ouvert, des palmes inadaptées, un mauvais mélange gazeux. Des causes internes à l’organisme sont également identifiables. Tout d’abord, l’eau étant plus dense que l’air, s’y déplacer requiert davantage d’efforts, ainsi une production de CO2 plus importante. Ce phénomène est amplifié par le froid, le courant, les efforts (pertinence du travail de la technique de palmage et de déplacement subaquatique), le stress, le lestage trop important et le manque de technique.

        b. Quels sont les effets et les risques engendrés ?
L’essoufflement est souvent anodin en surface, mais en plongée, il peut avoir des conséquences absolument dramatiques. Ce risque concerne tout autant le débutant que le plongeur chevronné. L’essoufflement en plongée donne la sensation au plongeur « d’étouffer » car l’organisme de ce dernier ne parvient plus à s’approvisionner en O2. Un plongeur essoufflé est un individu dont la ventilation superficielle ne lui permet plus de renouveler son apport en oxygène. Souvent, le plongeur essoufflé ressent l’envie d’enlever son détendeur ce qui constitue un risque majeur de noyade. Pour continuer, un plongeur essoufflé consomme très rapidement son stock d’air. En quelques minutes, il peut vider son bloc, ce qui constitue également un risque de noyade. Enfin, l’essoufflement et la détresse ventilatoire qu’il engendre augmente significativement les risques de suppression pulmonaire et d’accident de désaturation lors de la remontée.
Un intoxication de l’organisme par le gaz carbonique représente donc un cercle vicieux très dangereux pour le plongeur. En tant que N2 plongeur autonome, la surveillance mutuelle, notamment en ce qui concerne la consommation de l’air, est capitale dans la perspective d’assurer la sécurité de chacun et de la palanquée dans son ensemble.


Pour conclure, la plongée se pratique dans la conscience que trois gaz jouent des rôles à proportion variables dans l’expérience sous marine. La pression, notion centrale de la pratique de la plongée, entraine des consommations / production accrues de ces trois gaz par le plongeur, entrainent des effets qu’il s’agit de connaître afin de pouvoir les anticiper (narcose), les éviter (effet Paul Bert), ou les maîtriser (essoufflement). Enfin, la connaissance des risques permet au plongeur autonome de développer des comportements adaptés afin de réduire au maximum les risques liés à la toxicité de ces gaz.

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