Essoufflement, N1/N2

L’essoufflement, N2/N4

I)                Définition

Le plus souvent anodin en surface (en dehors de la pratique de la plongée), l’essoufflement peut avoir des conséquences dramatiques en plongée (noyade, surpression pulmonaire, accident de désaturation). Ce risque concerne le plongeur débutant comme le plongeur chevronné ! L’essoufflement est une manifestation ventilatoire d’une intoxication par le dioxyde de carbone (CO2) dont la cause principale est une élimination insuffisante du CO2 par la ventilation. Plus rarement, cela peut provenir d’une pollution de l’air (local mal ventilé, erreur de gonflage,…)

II)             Causes : le gaz carbonique, l’hypercapnie.

Tout effort nécessite un apport accru en oxygène aux cellules (muscles) qui, en contrepartie, rejettent une plus grande quantité de CO2. Généralement l’adaptation naturelle de la ventilation, plus ample et plus rapide qu’au repos, assure le maintien de l’effort. L’essoufflement apparait lorsque le CO2 est mal évacué par la ventilation : la fréquence reste élevée, mais de faible amplitude, ce qui aboutit à un manque de renouvellement de l’air alvéolaire. 

Le CO2 étant mal évacué, sa concentration dans le sang augmente et stimule les chémorécepteurs centraux. Les mécanismes de régulation étant prévus pour accroitre la quantité d’O2 (et non pas pour réduire celle de CO2) ils commandent à l’organisme d’inspirer davantage alors même qu’il faudrait expirer pour éliminer le CO2.

La ventilation est ainsi de plus en plus superficielle, le plongeur a alors l’impression d’étouffer.

Le seuil de toxicité du gaz carbonique est 0,03 bar. Soit en théorie 990 mètres. Le C02 est le gaz déchet de l’organisme. Il constitue un déchet à ELIMINER, sous peine d’augmenter sa pression partielle

·         Causes extérieure à l’organisme (exogène)

-Qualité de l’air respiré : mauvais gonflage, mauvaise prise d’air.

-Matériel, détendeur mal compensé, trop dur, bloc mal ouvert, palmes inadaptées, mauvais mélange gazeux.

-Augmentation de l’espace mort des voies aériennes et les résistances du détendeur à l’inspiration et à l’expiration favorisent l’accumulation du gaz carbonique.

-Apnée prolongée en plongée bouteille.

·         causes internes à l’organisme (endogène).

Production excessive de CO2 par l’organisme : l’eau est 800 fois plus dense que l’air. S’y déplacer entraine une production de CO2 plus importante. Phénomène amplifié par le froid, le courant, les efforts, le stress, le lestage trop important, le manque de technique. 

·         Conséquences en plongée

Essoufflement.

Favorisation de la narcose en profondeur (augmentation de la pression partielle / quantité d’azote)

Favorisation de l’hyperoxie et des ADD.

III)         Prévention

Pour éviter tout essoufflement avec les plongeurs encadrés, voici quelques conseils.

Lors de la mise à l’eau, phase parfois stressante pour certains, il ne faut pas se précipiter. Laisser les membres de la palanquée reprendre leur souffle avant de s’immerger. Tout essoufflement en surface ne peut qu’empirer au fond, du fait de l’augmentation de la densité de l’air.

S’il y a du courant, s’aider d’une ligne de vie pour rejoindre le mouillage et adapter l’exploration. Faire comme les poissons, se mettre à l’abri du courant derrière les roches dès que cela est possible.

Adapter le palmage au niveau des plongeurs que vous guidez.
 

Suivre régulièrement la consommation des équipiers.

Etre attentif aux bulles produites par les plongeurs. Une grande quantité de bulles expirées à un rythme élevé doit immédiatement vous alerter.

NB : pour anticiper un éventuel essoufflement il est possible de réaliser des apnées de contrôle : sur une expiration et en maintenant son niveau d’immersion, rester en apnée quelques secondes. Si cela pose des difficultés, réduisez immédiatement votre effort et insistez sur l’expiration.

IV)        Conduite à tenir

1)      Faire cesser tout effort, éviter de vous maintenir en pleine eau et cherchez des points d’appui lorsque la plongée est peu profonde (10 à 20m). Pour les plongés au-delà de 20 mètres donner la priorité à la remontée à l’aide des gilets afin de soustraire le plongeur à la profondeur : plus le gaz respiré est dense, moins il est facile de retrouver une ventilation normale

2)      Calmer le plongeur. Demandez-lui de se concentrer et de prendre sur lui pour se forcer à expirer.

3)      Mettre fin à la plongée, en étant vigilant à :

-          La consommation d’air

-          La vitesse de remontée, particulièrement dans les 10 m, pour éviter tout risque de surpression pulmonaire.

4)      Augmenter le temps de palier : un essoufflement peut favoriser l’apparition d’un accident de désaturation.

Si des maux de tête apparaissent en surface, il faut bien se ventiler, au besoin recourir à de l’oxygène normo bar. Ne pas oublier de veiller et de contrer le sur lestage, ne jamais plonger seul et développer une bonne aquacité tout en évitant les efforts au fond !