Utilisation des Tables. N4
Au jury
1. Justification : La partie « tables » de la
théorie N4 possède un gros coefficient (3/13) car on demande aux futurs GdP
d’être parfaitement à l’aise sur ce sujet.
2.
Public. niveau 4
3. Objectif : maitrise de la théorie pour une
pratique irréprochable en tant que GdP.
4. Pré-requis : tables N2 (paramètres de
plongée, remontée lente, plongée simple, intervalle en surface, plongée
successive, procédures exceptionnelles ou anormales)
5. Situer le cours : AVANT échanges gazeux
et les ADD. APRES ordinateurs et plongée en altitude
6. Equipement, matériel pédagogique : des
tables MN 90.
I)
Le modèle Haldanien.
a.
Origine et définition
Au début du
XXème siècle, John Scott Haldane effectue des expérimentations sur des chèvres
afin de valider son modèle fondé sur une approche physique et mathématique
schématique d’un processus physiologique. En 1908, il publie les premières
tables de plongée.
Comme pour
tout modèle, les résultats obtenus sont validés par la réalisation de
nombreuses plongées d’essai sans incident avant de recevoir une autorisation
d’emploi.
Le modèle
Haldanien suppose que :
1) l’équilibre des pression au niveau alvéolaire
(poumons/sang) est instantané.
2) L’équilibre des pressions au niveau des
tissus (sang/tissu) est instantané.
3) Le corps humain est représenté par une liste
de régions anatomiques fictives, appelées
compartiments.
4) Chaque compartiment a un comportement
homogène vis-à-vis de la charge, décharge de gaz inerte.
b.
Les critiques du modèle
Certains
auteurs qualifient le modèle Haldanien de « modèle par perfusion ».
Cela signifie que la diffusion du gaz dans les tissus est supposée instantanée,
comme si rien ne s’interposait entre le gaz (l’azote) et les liquides qui le
dissolvent. Cela ne prend en compte ni la vitesse d’écoulement du sang, ni la résistance
des parois (capillaires, cellules…) que les gaz doivent traverser. De plus, la
nature même des bulles, avec une résistance propre, est ignorée. Ce modèle
« par perfusion » procède donc plus d’une approche physique que
physiologique. Rappelons tout de même qu’un modèle est la représentation d’un
phénomène réel complexe. Un modèle permet simplement de déterminer des
paramètres clefs permettant d’approcher au mieux le phénomène décrit sans en
traduire tous les tenants et aboutissants. Ainsi un modèle est une
approximation du réel, et en aucun cas ce qui se produit réellement dans la
nature. Le modèle Haldanien permet néanmoins, lorsque les procédures sont
respectées, de plonger en sécurité. C’est donc un outil pratique.
II)
Les tables MN90, un modèle Haldanien.
a.
Le cadre d’utilisation des tables
MN90
Ø
Deux plongées au maximum par 24 heures.
Ø
Vitesse de remontée du fond au premier palier : entre 15 et 17 mètres par
minute.
Ø
Entre paliers, la vitesse est de 6 mètres par minute, soit 30 secondes pour
passer d’un palier à l’autre. Cela est encore valable depuis le dernier palier
jusqu’à la surface.
Ø
La durée de la plongée se compte en minutes entières de l’immersion au
départ du fond.
Ø
Profondeur de la plongée = profondeur max. Si profondeur et durée pas dans
les tables, prendre valeur supérieure.
Ø
L’interpolation des temps ou des profondeurs est interdite.
Ø La plongée au-delà de 60
mètres est interdite.
b.
Comment fonctionnent ces
tables ?
Comme tout
modèle Haldanien, les tables MN90 considèrent que :
1. Le corps est représenté arbitrairement par
une liste de régions anatomiques factices appelées compartiments.
2. La quantité maximale d’azote que les
compartiments peuvent dissoudre est appelée le Gradient
(G). On le calcule grâce à la quantité maximale d’azote dans les tissus
(PPN2Max) et la Pression partielle d’azote présente en surface. Soit Gradient =
PPN2Max – PPN2 surface
3. Le temps d’absorption pour intégrer la moitié
du gradient est caractéristique du compartiment considéré. Ce temps est une
constante appelée période.
L’absorption,
de même que l’élimination de l’azote, est exponentielle. A la fin de la
première période, la moitié du gradient est dissoute. Au bout de 6 périodes, on
considère que le Taux de Saturation TS est de 100 %. Dans le cadre du modèle
des tables MN90, 12 compartiments fictifs sont pris en compte. Soit
Tension Finale N2 = 0,8 + (G x
Ts)
|
Nb) Bien que
le terme pression partielle est une notion que le futur niveau 4 doit
maîtriser, des précisions sont parfois nécessaires. Nous parlerons de pression partielle d’azote pour traduire sa quantité à
l’état gazeux, comme dans les poumons par
exemple. Par contre, pour l’azote dissous dans
le corps nous parlerons de tension. Ainsi la
tension et la pression partielle font référence à la quantité d’azote dans le
corps mais permet une distinction quant à la référence de leur état. Cela évite
les confusions.
4. Au cours de la remontée, le rapport entre la
Tension d’Azote TN2 de chaque compartiment et la pression absolue (Pabs) ne
doit jamais dépasser un certain seuil, appelé, seuil de sursaturation critique
(Sc). Pour pouvoir rejoindre la surface, il faut que, pour chaque compartiment,
le rapport TN2 sur SC soit inférieur ou égal à 1. S’il est supérieur, cela
impose des paliers.
Pabs =
TN2/Sc soit Sc = TN2/Pabs
|
N’oublions
pas que la Pabs nous donne la profondeur des paliers à effectuer.
Le
compartiment ayant la valeur la plus élevée s’impose lorsque plusieurs
compartiments ont un résultat supérieur à 1. On parle alors de compartiment
directeur.
III)
Quelques rappels essentiels... N2/N3.
Une plongée
se caractérise par les paramètres de plongée.
-
Un temps de
plongée, calculé en minutes, depuis l’immersion jusqu’au moment où la palanquée
remonte à une vitesse de 15 mètres / min.
-
Une
profondeur maximale atteinte, qui est prise en compte pour toute la durée de
plongée.
a. La remontée lente
Lors d’une remontée
lente, (vitesse inférieure à 15 mètres / min) le temps de remontée doit être
inclus dans le temps de plongée.
b. Plongées simples
Une plongée
simple (ou isolée) est une plongée séparée d’une autre par un intervalle
supérieur à 12 heures. La simple lecture des tables (temps, profondeur) permet
de déterminer les paliers à effectuer.
c. Intervalle en surface
L’intervalle
en surface se calcule par différence entre l’heure d’immersion de la seconde
plongée et l’heure d’arrivée en surface, à l’issue de la première plongée.
d. Plongées successives.
Une plongée
successive est une plongée qui suit une première plongée dans un intervalle
compris entre 15 minutes et 12 heures. La lecture directe des tables ne permet
pas de déterminer les paliers, il faut calculer une « majoration » à
partir du GPS (Groupe de Plongée Successive) et de l’intervalle de surface.
e. Les procédures exceptionnelles
ou anormales
-
La plongée consécutive est une seconde
immersion dans un intervalle de temps inférieur à 15 minutes. On considère
alors qu’il s’agit de la poursuite de l’immersion précédente (les temps de
plongée s’additionnent, la profondeur considérée est la plus profonde).
-
Remontée rapide : lors d’un dépassement de la vitesse
maximum de la remontée (15mètres/min), si aucun accident n’est déclaré, la
palanquée doit avoir rejoint la demi-profondeur
dans les 3 minutes et y séjourner 5 minutes. Les
temps en surface et à la demi-profondeur sont intégrés dans le temps de plongée
pour déterminer les paliers.
-
Interruptions de palier : la palanquée doit redescendre le plus
vite possible (en moins de 3 minutes) à la profondeur du palier interrompu pour
le recommencer en totalité et poursuivre sa désaturation.
IV)
Calcul de l’heure théorique de sortie.
a.
La DTR.
Elle
exprime : Durée Totale de Remontée. Elle
comprend une remontée de la profondeur courante à une vitesse de 15 mètres /
min et la durée des paliers, sans oublier 0,5 minutes entre chaque palier. Il
est facile de calculer une DTR même si les ordinateurs se chargent aisément de
cette tâche qui pourrait se révéler compliquée à cause de la narcose et de son
effet néfaste sur le raisonnement et les capacités d’analyse.
1) Il s’agit de diviser par 15 la distance du
fond jusqu’au premier palier.
2) Ajouter la durée des paliers ainsi que 0,5
minute entre chaque palier et entre 3 mètres et la surface.
3) Faire la somme et arrondir à l’entier
supérieur.
Les tables
MN90 intègrent une colonne DTR. Il est nécessaire, notamment dans le cadre de
plongée dans l’espace lointain, de considérer la DTR en parallèle du stock
d’air demeurant dans le bloc de plongée. La DTR, comme son nom l’indique rend
plus lisible et plus clair le temps nécessaire pour désaturer de façon
satisfaisante.
b.
Les paliers à l’oxygène pur.
Réservée à
des plongeurs expérimentés, cette procédure doit rester exceptionnelle (pour
palier de 6 et 3 mètres uniquement, car le plongeur risque l’hyperoxie au
palier de 9mètres.). Ainsi une utilisation de l’oxygène aux paliers
permet :
-
De réduire
de 2/3 le temps de palier si celui-ci excède 5 minute.
-
Si la durée
de palier est inférieure à 5 min, aucune réduction de temps n’est autorisée.
-
Si le
plongeur fait partie d’une palanquée de plongeur « classiques », il
doit être solidaire de sa palanquée et faire la durée des paliers à l’air.
-
Le même
groupe de plongée successive est conservé.
Résumons,
les paliers à l’oxygène pur permettent de réduire la durée des paliers et de
sécuriser la désaturation.
c.
Inhalation d’oxygène pur en surface.
Pour
accélérer la diminution du taux d’azote résiduel (et donc la majoration) entre
deux plongées, il est possible de respirer de l’o2 en surface. Cet usage
exceptionnel de l’oxygène permet en 1 à 3 heures de retrouver un taux d’azote
résiduel proche de 0,8 bar alors qu’il faudrait attendre 12 heures en respirant
de l’air.
Le tableau 3
des tables MN90 indique la valeur de l’azote résiduel en fonction du groupe de
plongée successive (GPS) et de la durée pendant laquelle le plongeur respire de
l’oxygène pur.
Il faut
savoir que :
-
Il est
préférable de respirer de l’O2 en fin d’intervalle surface
-
Cette
procédure de se justifie que pour un intervalle de surface court et un
taux d’azote résiduel élevé.
-
L’inhalation
d’O2 en surface est une contrainte, et ne permet qu’un usage exceptionnel de cette
pratique.
V)
Plonger en lacs d’altitude.
a. La pression atmosphérique
L’altitude,
par la baisse de pression qu’elle engendre, a une incidence directe sur les
protocoles de désaturation. Pour en comprendre le mécanisme, il nous faut
revenir sur la notion de pression.
La pression
atmosphérique est due au poids de l’air. On considère qu’elle vaut, au niveau
de la mer 1013 hPa. Cette valeur moyenne décroit lorsque l’altitude augmente.
b. Une modification des rapports
de pression
Lors de
plongées en lacs d’altitude, les rapports de pression entre le fond et la
surface sont modifiés par la baisse pression atmosphérique.
Plonger à 24
m dans un lac à 2 000 m d’altitude revient donc à plonger à 30 m en mer.
Nous pouvons
en déduire que lors de plongées en altitude, il est nécessaire d’adapter les
procédures de désaturation, sous peine d’augmenter significativement les
risques d’accidents de désaturation.
c. Une adaptation des procédures
de désaturation
Différents
moyens sont à la disposition des plongeurs pour assurer leur désaturation
-
Adaptation
de l’utilisation des tables de plongées prévues pour un usage au niveau de la
mer
-
Employer des
tables spécifiquement conçues pour un lieu précis.
-
Utiliser un
ordinateur disposant d’un mode « altitude ».
d. Adapter l’utilisation de tables
« mer »
Le paramètre
profondeur de la plongée doit être modifié. En effet, la profondeur réelle de
la plongée est une valeur « lac » à transformer en profondeur
équivalente en mer (ou profondeur fictive) pour utiliser les tables.
e. La profondeur des paliers.
Elle doit
etre aussi corrigée pour obtenir la profondeur de palier en altitude
Pal.lac =
Pal.mer x (P.Atm.lac / P.Atm.mer)
|
f.
La
vitesse de remontée.
La baisse de
pression atmosphérique perturbe tous les rapports. Il en va donc de même pour
la vitesse de remontée qui se corrige aisément. Les variations de pression
étant plus rapides en lac d’altitude qu’en mer, la vitesse (V) de remontée
« mer » donnée par les tables doit être corrigée en fonction de la
pression atmosphérique du lieu. La formule est la même que pour les corrections
de paliers :
V.lac = V.
mer x (P.Atm.lac / P.Atm.mer)
|
Cela revient
à considérer que la durée totale de remontée (DTR) reste celle indiquée dans
les tables, pour la profondeur équivalente en mer. En effet, remonter à 12 m /
min (V.lac) depuis la profondeur de 24 m revient au même que remonter à 15 m /
min (V.mer) depuis la profondeur de 30 m. Les procédures concernant les paliers
interrompus, les remontées lentes ou rapides, les plongées consécutives et
successives demeurent inchangées, à la condition de toujours utiliser les
tables en prenant en compte une profondeur équivalente mer, toujours plus
profonde que la profondeur lac.
Bibliographie
Foret A.
Torres P. (2010). Plongée plaisir N4.
Foret A.
Illustrapack.
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